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Les Visiteurs des Colonies »

AFRIQUE

[ Afrique ] [ La Cigogne ]

  • AFRIQUE

    Il y avait des visiteurs en Angoulême, la petite ville immobile sur un rocher, qui y étaient parvenus après de très longs voyages. Certains venaient d'Afrique, ou étaient d'origine africaine. Jean-François-Auguste, un « nègre de nation de la coste de Juda » [Ouidah, au Bénin] fut baptisé en l'église paroissiale de Saint André en 1733. Il était décrit comme le domestique d'un propriétaire local, « qui l'a amené des illes dans le dessein de l'y ramener, et a déclaré qu’il pouvait etre agé d’environ seize a dix-sept ans  ». En 1758, l'évêque d'Angoulême présida au baptême, tenu lui aussi en l'église paroissiale de Saint André, d'un « naigre nation de Capélaou de la guisnée [Cap Lahou, au Côte d’Ivoire] agé d’environ 15 ans  ». Le garçon était prénommé Claude, et son parrain était le marchand Benoit Des Essarts, « a qui il appartient ».

    Jean L'Accajou fut baptisé au Petit Saint Cybard en 1775 ; il était décrit comme « natif d'affrique agé de quinze ans arrivé en France sur le vaisseau la cigogne capitaine delage, ainsi qu'il apparoit et qu'il est déclaré a la mireauté de la rochelle ». Louis Félix, « 15 ans, natif de S. Domingue » et résidant à la pension de M. Desprez, reçut la confirmation en 1780, elle aussi en la paroisse du Petit Saint Cybard. Dix ans plus tard, en 1790, il était orfèvre, habitant la paroisse de Saint Paul, marié et père de deux enfants. En 1795, an IV de la République française, il était « officier public de la commune d'angoulême », et certificateur des naissances, mariages et décès de la ville. En 1798, il était veuf et « commissaire du directoire exécutif  près l'administration municipale ». Sur l'acte de son second mariage, avec Marthe Dumergue en 1798, il était présenté comme le fils naturel de Jacques Orillac, marchand, et de Marie Elizabeth, née en 1765 en la paroisse de Saint Marc, Saint-Domingue. Il mourut à Angoulême, décrit comme un « rentier », en 1851.

    L'une des promesses de l'histoire (et de la visualisation) des réseaux sociaux, est d'être capable de suivre les connections de ces individus, ces paroissiaux d'Angoulême d'origine africaine, dans le temps et dans l'espace. Louis Félix, le signataire des certificats, est relativement facile à trouver. Jean L'Accajou resta-t-il lui aussi à Angoulême ? Décida-t-on finalement de « ramener » Jean-François-Auguste ?

    AM-A, GG39/205, GG42/113, GG68/58, GG68/81, GG90/178, 1E7/29, 1E14/114, 1E157/89

    La Cigogne »

  • LA CIGOGNE

    La Cigogne était un bateau négrier . Le voyage au bout duquel Jean L’Accajou arriva à Angoulême commença à La Rochelle en décembre 1772. Le navire embarqua 516 esclaves à la côte ouest Africaine; 430 esclaves débarquèrent à Port-au-Prince, Saint-Domingue (Haiti) en novembre 1774; le navire retourna à La Rochelle en avril 1774. Le capitaine était Michel Delage, qui a entrepris cinq voyages esclavagistes avec quatre vaisseaux différents, depuis Bordeaux et La Rochelle. La Cigogne fit neuf voyages esclavagistes, avec huit capitaines différents. Au cours d’un voyage en 1778, au cours duquel 634 esclaves ont embarqué et 577 débarqué, le vaisseau fut capturé par les anglais. Son dernier voyage esclavagiste se termina à La Rochelle en septembre 1792. Le voyage de Jean L’Accajou est le voyage n. 32279 dans la « Trans-Atlantic Slave Trade Database. »

L'Afrique dans son contexte

 

 

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