St Antonin »

JACQUES THINON

 

Les registres paroissiaux qui forment la base du projet Angoulême sont en principe universels, pour ce qui concerne la vie, ou du moins les baptêmes, mariages, et enterrements, des catholiques de la ville. Ils incluent des descriptions d'individus – les analphabètes, ceux sans possessions, ceux qui ne furent point impliqués dans des procédures judiciaires – qui seraient sinon absents des sources dont dispose l'historien. Ils peuvent aussi servir de complément à d'autres sources, pour les individus qui vont et viennent dans d'autres séries historiques et qui peuvent donc être suivis leur vie durant.

Cette scène de la vie provinciale décrit une famille qui va et vient, sur de très petites distances. Le 17 juillet 1764, Jacques Thinon et Marie Leger se marièrent en l'église paroissiale de Saint Martial. Il y eut trois témoins. La seule personne qui signa – « les autres aiant declaré ne le savoir faire », selon le registre – était le sacristain de la paroisse, Jean Marchadier. Deux mois plus tôt, le couple était présent dans une autre source, en l'occurrence un contrat prénuptial dressé par l'un des notaires d'Angoulême le 21 mai 1764. Par ce contrat, ils formaient une « société en communauté », suivant ainsi le droit coutumier de la province de l'Angoumois. Chacun y contribuait à hauteur de cinq livres. L'accord incluait des provisions pour des dettes futures, les charges et les privilèges personnels de la mariée en ce qui concernait ses vêtements, bagues et sous-vêtements. Jacques Thinon était désigné comme mendiant de la paroisse de Coulonges, au nord d'Angoulême. Marie était la fille de Jean Leger, « lui aussi mendiant ». Les honoraires pour le contrat étaient de trente-neuf sols ; ils furent marqués « remboursés ».

 Le contrat prénuptial portait sur un ensemble de biens d'une valeur inhabituellement faible, et ce même pour un notaire, Jean Bernard, dont les auteurs de l'inventaire des archives notariales d'Angoulême dirent au début du vingtième siècle qu' « il instrumentait beaucoup pour les petites gens ». Mais les traces laissées par Jacques Thinon et Marie Leger ne cessent pas avec leur mariage. Ils eurent deux filles et cinq fils, dont deux jumeaux, Guillaume et Anthoine, entre 1767 et 1780. Tous furent baptisés en l'église paroissiale de Saint Jacques de l'Houmeau. Des quatorze parrains et marraines de leurs enfants, seuls deux purent signer de leur nom.

Plus tard, en février 1776, Jacques Thinon et Marie Leger furent impliqués dans un contrat différent, là encore avec le notaire Jean Bernard. Il s'agissait de la résolution d'un conflit ouvert en 1748 dans la paroisse de Balzac, au nord d'Angoulême. Le conflit portait sur les biens des grands-parents maternels de Marie Leger, et opposait son grand-oncle et le cousin germain de sa mère. En 1776, les parties impliquées étaient le petit-fils du grand-oncle, un journalier à Balzac, Marie Leger, Jacques Thinon, et les deux filles du cousin germain, toutes les deux dénommées Marie Godinaud. L'une et l'autre vivaient dans deux villages différents, la plus jeune comme domestique d'un homme appelé Godard. Les biens constituant l'héritage formaient un maigre montant; « leur peu de valleur et leur mauvais etat les reduisait à peu de chose ». Quinze membres de la famille étaient désignés dans l'accord, ainsi que l'employeur de Marie Godinaud la jeune et le juge de Balzac. Jacques Thinon y était décrit comme « sans profession en ce qu'il est aveugle ».

Marie Leger mourut en novembre 1780, à 40 ans, peu de temps après avoir donné naissance à son septième enfant. En février 1781, Jacques Thinon se remaria. Sa femme, Françoise Bonnet, avait elle aussi 40 ans. Elle avait vécu vingt années durant dans la paroisse de Saint Paul, comme domestique. Ils eurent une fille, née en avril 1783 ; Jacques Thinon était une fois de plus désigné comme mendiant. Il mourut quelques mois plus tard; leur fille, Cécile, mourut en novembre 1784. Il n’y a aucun enregistrement de la mort ni de l'enterrement de Jacques Thinon dans les registres de la paroisse de St Jacques de l’Houmeau, où il vécut si longtemps, ni du village de Coulonges, où il est né, ni de St Martial, où il fut marié en 1764, ni des hôpitaux d’Angoulême.

AM-A, GG109/175; GG130/92,126; GG131/25,40,231; GG132/93,107,120-121; GG133/8.
ADC, 21 mai 1764, Bernard, notaire, 2E153; 3 février 1776, Bernard, notaire, 2E175.

Ce graphe indique la famille, les parrains et marraines, et les relations de signature présentes dans les registres paroissiaux énumérés plus haut.

Thinon dans son contexte

 

 

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